Que serait la terre sans l'eau ? Que serait l'homme et toute l'humanité sans cette source de vie et d'équilibre ? L'enfant qui naît est constitué à 90% d'eau et l'homme qui meurt en a toujours 70%.
Rien ne résiste à l'eau, elle s'infiltre partout et façonne la terre au gré des millénaires. L'eau est l'âme de notre terre, de notre planète bleue.
En tant qu'humaniste et à l'heure ou les Nations Unies viennent de reconnaitre l'accès à une eau de qualité et à des installations sanitaires comme un droit humain, il m'est apparut intéressant de porter un regard plus géopolitique sur l'eau. De regarder l'eau sous des angles qui nous sortent de nos "petites préoccupations " quotidiennes de français bénéficiant d'un accès facile à l'eau.
Pour autant, nous ne devons pas réduire nos efforts et nous rappeler que la préservation ou l'amélioration de la qualité de l'eau que nous français buvons au robinet est fondamentale, comme le travail obstiné réalisé par tous les acteurs locaux pour préserver la qualité de l'eau et les écosystèmes de nos rivières et de nos fleuves.
Pendant que vous lirez ces quelques lignes et que peut-être vous boirez un verre d'eau fraîche, plate ou gazeuse, gardez à l'esprit que des humains meurent à chaque instant, parce qu'ils n'ont pas une seule goutte d'eau à boire.
À l'heure ou l'actualité nous rappelle sans cesse que l'usage domestique ou professionnel que nous avons de l'eau est souvent durablement grave pour notre environnement et les algues vertes des côtes bretonnes en sont un exemple, je vous propose donc de mettre l'eau et ses enjeux dans une perspective plus globale, planétaire, pour toucher du doigt les problèmes et les conséquences de nos usages et de la gestion individuelle et collective à l'échelle de l'humanité.
Vous verrez que de nombreuses questions se posent comme quels usages et quelle gestion de l'eau choisirons nous pour demain ? Nous devons aussi parler de crises de l'eau qui révèlent des enjeux, des imbrications très complexes à la fois au niveau des causes et au niveau des conséquences comme les pénuries physiques d'eau. Ces crises sont autant d'enjeux, de défis que l'humanité doit relever pour espérer une coexistence pacifique entre les différents peuples et États, mais aussi entre l'homme et son environnement.
La rédaction du dossier va s'articuler autour de plusieurs parties complémentaires ainsi qu'au travers d'articles sur l'eau ciblés sur des aspects géostratégiques et géolocalisés.
Bonne lecture à vous.
PARTIE 1 : L'EAU DOUCE - ENTRE ABONDANCE ET PENURIE
UNE ABONDANCE THÉORIQUE
Les mers et les océans couvrent 71% de la surface de la Terre. L'hémisphère sud est couvert à 81% par l'eau et l'hémisphère nord à 61%. Les masses terrestres sont donc plus importantes au nord qu'au sud.
La surface occupée par les mers et les océans donne un sentiment de profusion, d'abondance, qui n'est qu'un trompe l'œil. L'eau véritablement utilisable par l'homme ne représente qu'une infime partie de l'eau présente sur Terre. Les mers et les océans constituent 96,5% de l'eau de la planète, et la salinité de cette eau est en moyenne de 35 gr par litre (donc impropre à la consommation) alors qu'une eau est considéré comme douce si sa teneur en sel est < à 3 gr par litre.
L'eau présente sur terre représente 1.400 millions de km³ (1 km³ = 1Md de m³) et on ne compte que 35 millions de km³ d'eau douce (soit 2,5%) et qui ne correspond pas à un stock disponible pour l'homme. Il faut lui retrancher l'eau des calottes polaires, des glaciers, des neiges permanentes (70% de l'eau douce), celle contenue dans les aquifères profondes et inexploitables, et l'eau qui s'évapore ou est absorbée par l'écosystème. Les ressources en eau renouvelables se limitent alors à 40.000 km³, ce qui correspond aux flux des eaux continentales.
La ressource en eau est constituée par la différence entre les précipitations et l'évaporation sur les continents, qui nourrit les eaux superficielles et souterraines. Si l'on ne retient que les eaux aisément accessibles et régulières (ou maîtrisables) l'eau utile à l'homme se limiterait à 13.000 km³. Ainsi, seul 0,001 % de l'eau présente sur Terre serait effectivement mobilisable par les hommes. L'homme prélève actuellement 3.800 km³ d'eau douce et en consomme 2.100 km³ (55% des prélèvements). La différence entre ces deux chiffres est l'eau prélevée mais retournée en milieu naturel, le plus souvent sous forme de pollution industrielle et agricole.
Pourquoi parler de pénuries avec les 13.000 km³ d'eau potentiellement utilisable ?
Les multiples zones géographiques qui connaissent des crises de l'eau exercent déjà une forte pression sur la ressource. La véritable ressource se situe entre "l'eau que l'on ne peut pas prendre et celle qu'il faut laisser" (formule de Jean MARGAT - ingénieur géologue). Les besoins humains doivent désormais se concilier avec ceux des écosystèmes.
L'hydrosphère désigne à la fois les parties de la Terre constituées d'eau dans l'un de ses trois états, et l'ensemble de l'eau présente dans le monde. Le volume d'eau de l'hydrosphère reste constant et se renouvelle plus ou moins vite (de quelques jours à plusieurs centaines de milliers d'années) : c'est le CYCLE DE L'EAU. On distingue quatre types de réservoirs dans l'hydrosphère : les mers et les océans, les eaux continentales (superficielles et souterraines), l'atmosphère et le biosphère. L'eau sous forme de vapeur présente dans l'atmosphère contribue à proteger la faune et la flore du rayonnement solaire ultraviolet, et emprisonne partiellement le rayonnement infrarouge émis par la Terre, ce qui permet de réguler et stabiliser la température du globe.
UNE INÉGALE RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
La notion de "pénurie" n'est que relative à des usages humains qui dépassent ou mettent en danger le caractère renouvelable des ressources en eau douce. Les ressources en eau ne sont certes pas uniformes sur la surface du globe. Neufs pays concentrent ainsi 60% des ressources renouvelables en eau. Il s'agit du Brésil (5.418 mds m³/an), de la Russie (4.060 mds m³/an), l'Indonésie (2.828 mds m³/an), de la Chine (2.812 mds m³/an), du Canada (2.740 mds m³/an), des États-Unis (2.460 mds m³/an), de la Colombie (2.133 mds m³/an), du Pérou (1.746 mds m³/an) et de l'Inde (1.260 mds m³/an. Si l'on y adjoint les 15 Etats de l'Union Européenne en 2003 (1.410 mds m³/an), ces pays se partagent les deux tiers des ressources renouvelables de la planète.
Les précipitations varient géographiquement de 1cm à 10 m par m², soit de 10.000 m³ à 10 millions de m³ par km². Le volume de précipitations entre une zone où elles sont rares et une autre où elles sont abondantes connaît ainsi un facteur de 1 à 1.000 !
Les zones souffrant le plus d'un déficit d'eau se retrouvent le long des tropiques. Les précipitations sont exceptionnelles alors que l'évaporation y est forte. L'Afrique malgré des précipitations 2,5 fois supérieures à celles de l'Europe ne bénéficient que d'écoulements d'un volume analogue. Certains pays disposent de ressources renouvelables quasi nulles (Bahreïn, Koweït), très faible (Jordanie, Libye). La Jordanie et la Libye parviennent à consommer davantage d'eau que leurs ressources renouvelables. Elles puisent dans l'eau prisonnière des nappes dites fossiles, donc non renouvelables.
Les onze premiers fleuves en termes de débit représentent un tiers de l'écoulement mondial (dont 15% pour l'amazone).
UNE INÉGALE RÉPARTITION TEMPORELLE
Les fluctuations temporelles sont importantes ce qui complique la gestion des ressources en eau. L'homme a toujours tenté de contrôler l'étendue des crues et de régulariser les flux des fleuves. C'est le cas de grands fleuves comme le Tigre, le Brahmapoutre ou l'Euphrate qui concentrent plus le moitié de leur flux annuel en deux ou trois mois de crues. Les variations du Nil bleu atteignent même un facteur de 1 à 40, entre avril et septembre, période de crue. Les débits du fleuve Sénégal se situent entre 9 m³/s en avril et 3.320 m³/s en septembre (le rapport est entre 1 à 368).
Certains fleuves se caractérisent ensuite par leur irrégularité interannuelle. Les débits moyens annuels, calculés sur plusieurs années, voire des décennies, conduisent en général à une surestimation des flux.
Des indicateurs pertinents à retenir seraient : le débit moyen des années sèches quinquennales sur des périodes de 20 à 30 ans. Si les usages et les moyens de gestion sont établis en fonction des données climatiques les plus rudes, ils fonctionneront mieux à fortiori en année "normale" que s'ils étaient calqués sur une surestimation des ressources.
Les impacts de l'instabilité temporelle en eau telles plusieurs années successives de sécheresse peuvent générer des tensions ? Ce fut le cas au début des années 1990 entre la Namibie et le Bostwana. Ces mêmes sécheresses engendrent une centaine de millions de sinistrés et des dizaines de milliers de décès par an.
Inversement aux sécheresses, il y a les inondations. L'action humaine n'est pas étrangère à l'augmentation du nombre et du volume des inondations. En Europe, les bouleversements du monde agricole après la seconde guerre mondiale concourent à la concentration et à la rapidité des écoulements, tels le tassement des sols par l'utilisation d'engins toujours plus gros et lourds, le choix de la monoculture ou encore le drainage des zones humides. À cela se rajoute dans les ville l'urbanisation galopante qui rend les surfaces toujours moins imperméables. La folle expansion en France de l'urbanisme commercial, comme dans nul autre pays, accentue le goudronnage, le bétonnage et contribue conjointement à la diminution des espaces verts et aux surfaces naturelles en capacité d'absorber les eaux pluviales. Dès lors un nouveau phénomène apparaît : la crue urbaine avec ses coulées de boue et ses dévastations des zones habitables, sans parler de ses morts.
Autre exemple, au cours de l'année 2004 une forte mousson a isolé ou privé de toit 42 millions de personnes aux Bangladesh et dans le nord de l'Inde, et a été à l'origine de près d'un millier de décès. En juin 2000, le Brahmapoutre s'est élevé de 5 mètres au-dessus de son niveau normal, sur un territoire plat, ce qui a engendré des inondations énormes. Les conséquences sont terribles pour un pays atrocement pauvre et pour une population déjà en situation de survie permanente.
L'EAU AU CŒUR D'UN CYCLE
En France, comme dans de nombreux pays occidentaux l'eau est devenue si banale que nous en avons oubliez le cheminement des fleuves à nos lacs, jusqu'à nos verres et nos bains. Anodine, l'eau est un témoin de l'histoire de la Terre, notre planète bleue. Pendant près de 4 milliards d'années le volume d'eau semble être resté constant. Les échanges permanents entre les différents réservoirs de l'hydrosphère, les océans, les eaux continentales, l'atmosphère et la biosphère ont assuré le renouvellement de la ressource. Et l'histoire de l'homme a commencée il y a 100.000 ans …
L'eau circule d'un réservoir naturel à un autre, et y demeure de quelques jours dans l'atmosphère, à quelques milliers d'années pour les océans et certaines réserves souterraines. Exemple la nappe captive des Sables Vert de l'Albien, à 600 km sous Paris, se renouvelle ainsi en 30.000 ans !
Par la surexploitation ou la pollution, la ressource en eau peut être durablement affectée. Elle perd alors sa qualité de ressource renouvelable à l'échelle de la vie humaine.
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Le concept de cycle de l'eau entretient l'idée d'une ressource en eau toujours renouvelable. À l'échelle humaine et en fonction du réservoir considéré, cette affirmation se révèle partiellement fausse et aggrave les pénuries régionales en eau douce. La faible quantité d'eau présente dans l'atmosphère se renouvelle en 8 à 9 jours. Le temps de résidence de l'eau dans les fleuves (2 semaines) et dans les lacs d'eau douce (entre 1 à 17 ans) demeure relativement court. En revanche, les eaux souterraines se renouvellent inégalement, entre 2 semaines et des dizaines de milliers d'années, en fonction de leur profondeur et de leurs liens avec les eaux de surface. Un pays comme la Libye dispose d'une ressource immédiatement suffisante, mais elle se réduit dangereusement et son assèchement est prochaine, car elle provient d'une nappe phréatique qui n'est pas renouvelable à l'échelle humaine.
De telles ressources sont donc particulièrement exposées à deux types de danger : la surexploitation et la pollution. Aux États-Unis, en Inde et en Chine, de gigantesques aquifères menacent de s'épuiser face à des prélèvements excédant de loin leur capacité de résilience. L'accumulation de pollutions diverses n'est plus absorbée par des nappes souterraines aux volumes décroissants et au renouvellement lent. Le caractère renouvelable de l'eau perd tout son sens humain.
Selon la température et la pression à laquelle elle est soumise, l'eau connaît trois états : solide, liquide et gazeux, témoins de la plus ou moins grande agitation moléculaire. À 20°C et au niveau de la mer (1 atmosphère), l'eau rentre en ébullition à 100°C et gèle à 0°C. Si la pression est moindre (en altitude) la température d'ébullition diminue, et inversement. c'est pour cela que dans une centrale nucléaire l'eau ne s'évapore qu'à des températures comprises entre 280 et 320°C, car la pression exercée sur l'eau dans le circuit primaire est de 155 atmosphères.
Un régulateur thermique
Le jour, l'eau accumule l'énergie solaire et en libère une partie la nuit, ce qui fait que les océans garantissent une variabilité réduite des températures terrestres. L'eau nécessite une très grande quantité d'énergie pour être réchauffée ou refroidie (10 fois plus que le fer) ce qui lui confère un rôle essentiel de régulateur thermique planétaire, vital pour toutes les espèces vivantes, animales ou végétales, donc pour l'homme.
Les glaciers de la péninsule antarctique reculent depuis 2001 de 50 m par an. En novembre 2001, un bloc de 42 km sur 17 km s'est détaché du glacier de Pine Island. L'érosion des glaciers alpins date de 150 ans.
Une eau rare pour l'homme
Au regard des usages et des besoins humains, la ressource en eau douce disponible est insuffisante dans de nombreux pays. La pénurie en eau peut se définir comme le manque d'eau en quantité suffisante et en qualité satisfaisante pour les besoins humains et ceux des écosystèmes. Comme il est écrit plus haut, l'ensemble des quantités d'eau douce disponible sur la planète seraient très largement suffisantes. Il y a donc une abondance théorique, car ces réserves ne sont que très partiellement accessibles et les humains selon leur lieu de vie ne sont pas égaux quant à son accès, en quantité et en qualité. Certains disposent de ressources renouvelables et d'autres n'en manquent pas, mais leurs ressources n'étant pas renouvelables, elles sont donc limitées dans le temps.
Aussi comment mesurer les risques de pénuries et cerner les régions les plus touchées ?
a) - l'évaluation des ressources en eau par an et par habitant
Cet indice consiste à appliquer à un volume de 1 million m³/an, différentes densités de population :
- Entre 2.500 et 1.700 m³/an/habitant, un état est en situation de vulnérabilité hydrique.
- Entre 1.700 et 1.000 m³/an/habitant, un pays est catégorisé en état de stress.
- Entre 1.000 et 500 m³/an/habitant, le seuil de carence est atteint
- Au-dessous de 500 m³/an/habitant, on parle de carence absolue
En 2003, 42 pays comprenant 465 millions de personnes subissaient au moins un stress hydrique, et 19 pays étaient en carence absolue.
La vulnérabilité hydrique concerne 55 pays dont l'Inde et la Chine, et plus de 3,1 milliards d'humains. A cause de l'accroissement démographique et de la surexploitation des nappes phréatiques, en 2025 une soixantaine de pays devraient être considérés en situation de stress hydrique et plus de 4 milliards de personnes en 2050. Ce sont presque tous des pays en développement et les deux tiers relèvent des états "au plus faible revenu" selon la terminologie de la Banque Mondiale. En plus l'indice présuppose que les usages et les habitudes de consommation soient identiques à travers le monde, et qu'une pénurie en eau a les mêmes effets pour une même mesure. Ce n'est pas vraiment le cas.
b) - Le taux d'utilisation des ressources renouvelables
Cet indice établit une échelle de stress hydrique selon des seuils d'utilisation de 10%, 20% et 40% des ressources renouvelables, internes et externes. Entre 10 et 20% des ressources utilisées, un pays est dit en situation de stress et l'eau devient un facteur contraignant de développement. 20 à 40% est une situation de stress moyen et fort et implique des arbitrages entre les différents usages et une vigilance accrue à l'égard des écosystèmes. Au-delà de 40% d'utilisation des ressources est qualifié de stress hydrique élevé. L'eau devient une contrainte au développement économique et oblige à recourir à des techniques complémentaires d'approvisionnement. (réutilisation, dessalement de l'eau de mer, importations d'eau). La Banque Mondiale identifie 16 pays qui sont à ce stade, contre 17 pays entre 20 et 40%.
Mais les statistiques sont contrastées car par exemple la Belgique (75%) et la Hollande (71%) bien qu'étant dans le lot des pays en stress hydrique très élevé, ne sont pas entravés dans leur développement économique par leur déficit en eau douce. De la même manière, le Niger, avec le grand fleuve Niger, et la France, par un réseau hydrographique dense, ont un taux d'utilisation de leurs ressources renouvelables assez proches, mais leur niveau de développement est très éloigné. Cet indicateur ne prend pas en compte les infrastructures et le système de gestion de la ressource.
Aussi le taux d'utilisation des ressources renouvelables gagne à être restreint par le taux d'utilisation du potentiel de développement, bien que difficile à calculer. Le taux d'utilisation du potentiel de prélèvement en eau douce est le rapport des approvisionnements primaires en eau potable sur les utilisations effectives. Si le ratio est < à 30% il n'y a pas de pénurie. Entre 30 et 60% le ratio indique une pénurie économique en eau. Au-delà de 60% on parle de pénurie physique d'eau. La plupart des états concernés, même avec une efficience ou une productivité hydrique très élevée, ne disposeront pas de ressources mobilisables suffisantes pour subvenir aux demandes agricoles, industrielles et domestiques en 2025. Certains d'entre eux sont déjà en situation de pénurie physique en eau. C'est le cas de la Jordanie et de l'Egypte.
c) - Le taux de dépendance à des ressources externes
Cet indicateur distingue les ressources qui proviennent de l'extérieur des frontières d'un état, et les ressources internes qui prennent source dans le pays considéré. C'est donc la proportion des ressources externes par rapport aux ressources disponibles globales (internes et externes). Le terme de dépendance témoigne des relations que peuvent et doivent entretenir des pays riverains d'aval face à leurs riverains d'amont. Les pays d'aval sont donc sous la pression des pays d'amont pour leur accès à leur ressource en eau. C'est le cas de la plupart des pays qui sont traversés par un grand fleuve, comme le Nil, le Mékong et l'Euphrate.
Pour l'Egypte et le Turkménistan 97% des flux en eau sont d'origine externe, 96% pour la Mauritanie, 94% pour la Hongrie, 91 pour le Bangladesh, 90 pour le Niger, 80% pour la Syrie et le Botswana, 77 % pour le Soudan et l'Ouzbékistan, 75% pour le Cambodge, 55% pour Israël et 53 % pour l'Iraq.
Quant l'accès à la ressource hydrique est une question de survie pour tout un peuple, une nation, et que celui-ci peut dépendre de la bonne entente avec ses voisins, les risques de conflits ne sont pas loin.
Le choix des indicateurs
Les indicateurs et les statistiques existants ne doivent surtout pas masquer les dimensions humaines et sanitaires d'une eau rare et très souvent de piètre qualité. Ce sont 1,1 milliard de personnes qui n'ont pas accès à l'eau potable. Ce sont 2,4 milliards de personnes qui ne disposent pas d'installations sanitaires et ce sont près de 4 milliards qui ne sont connectés à aucun réseau d'assainissement.
Ce choix n'est pas anodin, car il implique une perception de la crise hydrique que subissent des centaines de millions d'humains et des solutions possibles en termes de solutions démographiques, éducatives et sur le contrôle de la demande. Il faut aussi que les indicateurs soulignent les carences infrastructurelles d'un pays et les besoins en investissements publics et privés. Il faut aussi que soit mis en exergue la nécessaire coopération entre les états d'un même bassin hydrique, et le rôle des organisations internationales pour que l'enjeu de l'eau soit un enjeu pour la vie de tous.